Adama Coulibaly | Positive Minds

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La leçon du chef de village aux experts (Partie 2/2)

Esprits positifs | Histoires positives | Edition 010

La réponse du chef de village

Je me suis tourné vers M. Koulemou, le secrétaire du comité de gestion du projet, qui a suivi avec beaucoup d'attention ma conversation avec les experts. « Pourriez-vous informer le chef du village et servir d'interprète ? », lui ai-je demandé

Après avoir écouté attentivement le récit de M. Koulemou, M. Kpoghomou, le chef du village, esquissa un sourire.

« Dites ceci à nos invités ...», s'adressant à M. Koulemou sur un ton calme et mesuré, l'index pointé vers moi, « ce jeune homme n'était pas là le jour où nous avons choisi ce projet ». Puis, un par un, il s'adressa aux enfants, aux jeunes, aux femmes, aux sages du village, etc. A tous, il posa la même question : « Quelle était la priorité de votre groupe ? ».

La réponse, donnée en chœur, a été cohérente pour tous les groupes :« làkwélî », qui signifie école en Kèplè, la langue de l'ethnie Guerzé en Guinée.

  « Dites à nos invités que le choix d'une école comme priorité nous aide à résoudre trois problèmes en même temps », a-t-il poursuivi.

Le plus évident et le plus visible est l'éducation de nos enfants. Ils n'auront plus à marcher 8 km par jour pour aller à l'école.

Le second est la construction d'un dalot sur la rivière. J'ai approuvé ce projet à une seule condition : que le village mobilise ses propres ressources pour construire ce dalot. Regardez derrière vous, nous avons déjà commencé à ramasser du gravier et du sable.

« La troisième et plus importante chose pour nous est l'extension de notre village », a ajouté M. Kpoghomo.

« L'extension de votre village! », s’exclama nos experts d’un air médusé.

M. Kpoghomo s'arrêta brièvement pour mâcher le morceau de cola qu'il venait de casser. Puis continua : « Oui, l'extension de notre village... » a-t-il insisté.

En effet, coincé entre deux obstacles naturels, une montagne et une rivière, le village ne cessait de s’étirer en longueur au rythme de la démographie galopante. La seule solution viable était donc de construite derrière la rivière. Mais sans ouvrage de franchissement, la population n’était pas motivée à y habiter, par crainte d’être isolée et exposée.

« La construction de l’école et du dalot change cette donne, » déclare fièrement Mr Kpoghomo. On pouvait d’ailleurs constater que la construction de quelques habitations avait déjà commencé.

Après ce récit convaincant du chef du village, nos experts étaient à court d'arguments et incapables de répliquer. Mr Kpoghomo, qui n’a pas passé un seul jour sur les bancs de l’école, venait de leur donner un cours magistral sur le développement durable.

Et comme le disait ma mère , « Mon fils, l'éducation n'est pas synonyme de savoir ».

Morale : « Nul n'a le monopole du savoir. Celui qui se dit tout savoir devient par le fait même ignorant. » - Socrate