Adama Coulibaly | Positive Minds

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La leçon du chef de village aux experts (Partie 1/2)

Esprits positifs | Histoires positives | Edition 009

Les remontrances des experts

Enfant, ma mère me rappelait toujours « fils, l’éducation n’est pas synonyme de savoir » . J'ai compris le vrai sens de cette sagesse lorsque j'étais le coordinateur technique d'un projet financé par la Banque mondiale en Guinée. L'objectif de ce projet était d'améliorer l'accès aux services sociaux de base pour les communautés rurales et de renforcer la capacité en gestion de projet des dirigeants locaux.

Pour atteindre ce dernier objectif, les projets étaient sélectionnés, mis en œuvre et gérés par les communautés elles-mêmes, avec mon soutien en tant que coordinateur.

À la fin de la phase pilote, une mission d'évaluation de la Banque mondiale a effectué une visite sur le terrain. Leur choix s'est porté sur un projet de construction d'école dans un petit village en Guinée forestière.

Une fois sur place, nos experts ont été très surpris lorsqu'ils ont réalisé que pour atteindre l'école, ils devaient traverser une rivière où des troncs de palmiers échafaudés faisaient office de pont. Leur surprise s'est transformée en consternation lorsqu'un de nos experts a trébuché et s'est retrouvé allongé dans l'eau. Il en est sorti, trempé comme une soupe, luttant pour cacher sa gêne. Pour ne pas ajouter l'insulte à l'injure, j'ai dû retenir mes éclats de rire, laissant aux écoliers qui nous suivaient le soin de le faire à ma place.

Une fois sur le site du projet, leur courroux s'est abattu sur le jeune coordinateur de projet que j'étais. Pour eux, j'avais commis le péché originel en laissant les communautés implanter une école derrière une rivière, avec tous les dangers que cela impliquait pour les enfants. La priorité de cette communauté crève les yeux, ils martelèrent.

Sereinement, j'ai demandé d’éclairer mes lanternes sur cette priorité qui crèverait les yeux. « Voyons jeune homme, cette communauté a besoin d'un pont », s’est empressé de répondre l’expert qui a fait le plongeon dans la rivière, apparemment remis de ses émotions.

« Pourquoi ne demanderiez-vous pas au chef de village ? Après tout, c’est leur choix » , ai-je suggéré.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie de l'histoire : la réponse du chef de village aux experts.

Morale : Ne vous précipitez pas pour tirer des conclusions. Posez d'abord les bonnes questions.