Adama Coulibaly | Positive Minds

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Tous les défis peuvent être surmontés ... tout comme le Coronavirus.

Esprits positifs | Histoires positives | Edition 001

Crédit : Jonathan Ouimet | Unsplash, des photos pour tous

Ce blog fait partie de la série COVID-19 Pensée positive. Plus de blogs sur COVID-19 ici.

Dans la vie, certains évènements nous marquent à jamais, en bien ou en mal. L’évènement qui m’a marqué le plus s’est passé au milieu des années 70s, quand j’avais tout juste six ans.

Mon père venait d'être affecté comme instituteur à Koundian, un petit village isolé du département de Bafoulabé (qui tire son nom de la rivière du même nom), dans la région de Kayes, en République du Mali. Fatigués d'attendre un taxi-brousse, mon père, mon cousin Adama Koroba (le grand Adama, en bambara) et moi-même, Adama Fitini (le petit Adama) décidèrent de parcourir à pied les 51 kilomètres séparant Mahina de Koundian.

Après environ 4 heures de marche, nous atteignons un affluent de la rivière Bafoulabé que nous traversons par pirogue. Sur l’autre rive du fleuve ; le drame se produit. Alors que je lavais prudemment mes pieds poussiéreux l’un après l’autre, papa, en père autoritaire—dont le dicton préféré est « qui aime bien châtie bien »—me somma de me hâter et de laver mes deux pieds ensemble. A peine mon deuxième pied dans l’eau que le courant violent du fleuve me balaya et ses vagues m’emportèrent. Il s’en suit une lutte acharnée pour survivre …

Dans ma lutte, le courant me projeta contre la berge. Puisant dans mes dernières réserves d’énergie, j’ai reçu, miraculeusement, à m’agripper à une liane d’arbre. Buvant la tasse comment jamais au paravent et esquinté par les vagues successives, je m’apprêtais à lâcher prise quand j’ai aperçu Papa nagé vers moi. Avec un effort surhumain, j’ai réussi à garder prise.

Quelques instants plus tard, j’étais sur la terre ferme ; allongé sur mon dos, complètement déboussolé. Mon père et mon cousin, Adama Koroba, abhorraient tous les deux de grands sourires de soulagement. Je respirais péniblement. L’eau ruisselait toujours de ma bouche, de mes narines, de mes yeux… Je n’ai jamais bu autant de ma vie.

Lorsque j’ai repris mes esprits, Papa me regarda et dit : "Allah ye saraka mina" (Dieu a accepté l'aumône). "Walayi, Allah ye saraka mina", entonna Adama Koroba.

Après ce sombre épisode, nous avons repris notre marche vers Koundia. Papa insista de me porter au dos pour le reste du trajet. J’ai choisi de marcher pour prouver à moi-même, mais aussi à papa et Adama Koroba, que le pire était passé et que je dois aller de l'avant. Après quelques kilomètres, mes jambes ne pouvaient plus tenir sous mes plus 20 kilos de bouffeur de Tô à la sauce gombo (un mets à base de farine de sorgho ou de maïs très populaire au Mali). C’est alors je me suis résolu d’accepter, non sans honte, la généreuse offre de papa que j’avais rejetée auparavant.

Cette terrible expérience a appris une belle leçon de vie au gamin de 6 ans que j’étais : on ne surmonte pas un défi avec la psychose et le désespoir ; on surmonte un défi en l'affrontant de face, avec foi, courage, détermination et espoir. Ce jour-là, mon envie de vivre l’a emporté sur ma peur de mourir. Ma détermination et mon courage m’ont permis d’éviter la mort par noyade.

La pandémie COVID-19 est le défi du siècle pour l’humanité. En l’affrontant, ensemble, avec foi, courage, détermination et espoir ; l’humanité sera, une fois de plus, victorieuse contre une autre pandémie comme elle l’a été contre la peste noire ou la grippe espagnole.