Adama Coulibaly | Positive Minds

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Quand la colère de la petite fille d'hier se traduit par un engagement pour les filles et les femmes d'aujourd'hui...

Esprits positifs | Histoires positives | Edition 014

Bienvenue à la saison 1 de la série "Positive Minds - Positive Women" . Cette série n'a qu'un seul but :inspirer les jeunes femmes africaines à croire en elles et à réaliser leurs rêves.

Le premier dimanche de chaque mois, nous nous entretenons avec à une femme leader qui a réalisé ses propres rêves, contre vents et marées.

Je suis Adama Coulibaly, plus connu sous le surnom de "Coul". Aujourd'hui, nous accueillons Mme Assalama SIDI.

Positive Minds (PM) : Bienvenue à "Positive Women". Présentez-vous à nos lectrices et lecteurs ?

Assalama SIDI (AS) : Je suis mère de 3 beaux enfants, aînée d'une famille de 11, sociologue de profession et directrice régionale par intérim d'Oxfam en Afrique de l'Ouest et du Centre.

PM : Parlez-nous d'un événement qui a marqué la jeune fille que vous étiez et comment il a influencé vos choix personnels ou professionnels dans la vie ?

AS : Pendant mes trois premières années à l'école primaire, j'étais la seule fille de toute l'école. C'était dans une école nomade où mon père était enseignant. Les nomades ne voulaient pas de l'école "blanche", qu'ils considéraient comme une menace pour leur culture et leur identité.

Les femmes étant les gardiennes de cette culture, il était impensable d'envoyer leurs filles à l'école. Au début, c'était très dur pour moi. Je me sentais seule et j'enviais les filles du camp qui aidaient leur mère et jouaient à la poupée. Je les enviais beaucoup... Mais je me suis vite adaptée.

J'étais non seulement la seule fille à l'école, mais j'étais aussi parmi les meilleures. Je jouais à tous les jeux traditionnellement réservés aux garçons et j'allais à la chasse avec eux. Je me suis tellement bien adaptée que je ne me sentais plus différente de mes camarades de classe. Cette étape de ma vie a eu un impact énorme sur moi. J'ai vite compris que les femmes peuvent réussir aussi bien que les hommes et dans tous les domaines, à condition qu'on leur en donne la possibilité.

En tant qu'adulte, lorsque je me retrouve parfois dans des réunions où je suis la seule femme leader parmi les hommes, je me souviens souvent de cette époque, lointaine mais si proche. Quand cela arrive, je regarde autour de moi et je souris au plus profond de moi en me disant "tu y es habituée ma chère 😊".

Mon engagement en faveur du leadership des femmes, des droits des femmes et des filles, de la lutte contre la violence sexiste et la discrimination à l'égard des femmes est certainement un héritage de cette époque. Cette époque où les filles du camp étaient injustement privées de leur droit à l'éducation. Je n'ai rien fait pour elles. Il n'y avait rien que je puisse faire à l'époque...

Ce constat c’était transformé en colère mais une colère qui se traduit aujourd’hui par un engagement de faire toujours un peu plus pour que les filles et les femmes surtout les plus vulnérables puissent exercer pleinement leurs droits. Cet engagement, cette passion sont le fuel qui me permet d’avancer contre vents et marrées pour une cause on ne peut plus noble.

PM : En tant que femme, quel est le plus grand défi auquel vous avez été confronté dans votre carrière et comment l'avez-vous surmonté ?

AS : Afin d’avancer dans ma carrière professionnelle, j’ai toujours été tentée d’aller en expatriation question de faire mes preuves dans un autre contexte. Quand j’ai eu cette opportunité je me suis confrontée contre toute attente à un défi culturel.

Certains de mes proches ont trouvé ma décision osée pour les plus diplomates et insensée pour les plus directes. En tant que femme mariée, cela est inenvisageable. J’ai résisté à toute influence allant à l’encontre de mon projet et décida d’aller quand même. Cette décision a été soutenue par deux hommes : mon époux et mon père.

Mon père avait l’habitude de me dire « Prends ton temps et réfléchis avant de décider. Une fois que tu décides, fonces et assumes toi ». La confiance dont je jouissais de ces deux personnes m’a permis de surmonter toutes les difficultés auxquelles j’étais confrontée, mieux, elle a servi de véritable levier dans la poursuite de ma carrière.

PM : Quels conseils donneriez-vous à toutes ces jeunes femmes qui ont de grands rêves pour elles-mêmes et pour leur pays ?

AS : Brisez les tabous et les mythes qui visent à mettre les femmes toujours au second rang. Ne jamais chercher la facilité parce qu’on est femme et ne jamais penser non plus que c’est difficile parce qu’on est femme. Rappelez-vous toujours de deux mots importants : Détermination et Persévérance.

PM : Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter pour nos lectrices et lecteurs ?

AS : La promotion des droits des filles et des femmes doit être l’affaire de tous : des femmes mais aussi des hommes. Nous devrons bannir certains préjugés pour avancer. Il y a des hommes modèles dans toutes les communautés qui peuvent être de véritables ambassadeurs de cette cause. Trouvons- les et composons avec eux. Les deux modèles que je connais et dont je suis fière sont mon époux et mon père. Il y en a des centaines d’autres à travers le monde, c’est certain.

« Brisez les tabous et les mythes qui visent à mettre les femmes toujours au second rang. Ne jamais chercher la facilité parce qu’on est femme et ne jamais penser non plus que c’est difficile parce qu’on est femme. »