Adama Coulibaly | Positive Minds

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De la marginalisation à l'autonomisation : Transformer la perception par un langage habilitant dans les récits d'aide

Esprit positif | Histoires positives | Edition 041

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"Lorsque nous choisissons un langage basé sur les déficits, nous ne décrivons pas seulement une situation, nous influençons également la façon dont les gens se sentent eux-mêmes. Il est temps de recadrer notre façon de communiquer et de choisir nos mots avec discernement, car ils peuvent élever et responsabiliser les individus plutôt que de diminuer leur estime de soi".

Dans le domaine de l'aide humanitaire, le pouvoir du langage va bien au-delà de son utilité quotidienne. Il s'agit d'une force essentielle qui peut soit perpétuer la stigmatisation, soit promouvoir la dignité. Les choix que nous faisons dans nos mots peuvent projeter de longues ombres de privation de droits ou devenir des phares d'espoir, catalysant l'autonomisation et le changement. Ainsi, la conversation autour du langage de l'aide va au-delà de la sémantique ; elle concerne les courants sous-jacents de la dignité humaine et nos aspirations communes à un monde meilleur.

L'impact psychologique du langage :

Nos choix lexicaux laissent une empreinte indélébile sur le psychisme des individus. Lorsque nous utilisons un langage basé sur les déficits, nous renforçons sans le savoir les perceptions négatives et diminuons l'estime de soi. Prenons l'exemple de la différence entre qualifier quelqu'un de "chômeur" et le reconnaître comme "demandeur d'emploi". La première définit les individus par leur manque, tandis que la seconde reconnaît leurs efforts et leur potentiel. Ce changement linguistique est essentiel, car il permet de passer d'un état statique à un processus dynamique de croissance et de possibilité.

Les conséquences sociétales de la langue :

Les ramifications de nos mots vont au-delà de la psychologie individuelle et s'étendent au tissu social dans son ensemble. Les descripteurs fondés sur les déficits ne sont pas des termes neutres; ils portent le poids de préjugés historiques et de jugements sociétaux. Lorsque nous parlons de communautés "appauvries" ou "défavorisées", nous nous faisons involontairement l'écho d'un récit d'incapacité et de besoin, en occultant la riche mosaïque d'expériences, de connaissances et de compétences que possèdent ces communautés. Il nous incombe de choisir un langage qui reflète fidèlement la résilience et l'ingéniosité inhérentes à toutes les sociétés humaines.

Promouvoir l'égalité et l'autonomisation :

En perpétuant un langage axé sur les déficits, nous soutenons involontairement les structures d'inégalité qui sèment la ségrégation et la marginalisation. L'antidote à cela est un pivot conscient vers un langage qui comble les fossés, en reconnaissant l'humanité et l'égalité de tous les individus. Il ne s'agit pas d'être politiquement correct, mais de respect humain fondamental. Dans la communication humanitaire, l'adoption d'un paradigme de langage positif n'est pas simplement un changement cosmétique, c'est un impératif stratégique. Le langage positif nourrit l'auto-efficacité et la solidarité communautaire, transformant les individus de bénéficiaires passifs de l'aide en participants actifs à leurs propres histoires de changement et de résilience.

La voie de l'autonomisation du langage :

La transition vers un cadre linguistique plus responsabilisant exige un effort intentionnel. Cela commence par une formation à l'autoréflexion sur l'impact du langage et la compréhension de la manière dont des récits profondément ancrés peuvent nuire à ceux que nous cherchons à soutenir. Il s'étend à la révision des politiques et aux stratégies de communication qui s'alignent systématiquement sur les principes de respect et d'équité. En outre, elle nécessite un dialogue authentique et permanent avec les communautés elles-mêmes, afin de garantir leur capacité à définir la manière dont elles sont représentées et dont on parle d'elles.

Le voyage collectif :

Accepter ce changement n'est pas une entreprise solitaire, mais un voyage collectif. Il nous oblige à écouter attentivement, à apprendre avec humilité et à parler en étant conscients des dynamiques de pouvoir en jeu. Les organisations humanitaires doivent agir comme des amplificateurs de voix qui ont été trop souvent ignorées ou réduites au silence, plutôt que de parler au nom de ceux qui n'ont pas de voix. Des ressources telles que le Guide du langage inclusif d'Oxfam servent de boussole et fournissent des recommandations pratiques pour l'adoption d'un langage qui favorise l'inclusion et affirme la dignité de tous les individus.

En nous engageant dans ce voyage de transformation, nous reconnaissons que chaque mot que nous choisissons peut contribuer à un héritage de marginalisation ou devenir un tremplin vers l'autonomisation. Nous nous engageons à faire en sorte que notre langage transmette de la compassion tout en incarnant les principes d'égalité et de justice. Grâce à cet engagement, le langage humanitaire peut passer de l'écho des ténèbres de la marginalisation au reflet de la lumière de l'autonomisation, éclairant ainsi la voie vers un monde plus équitable pour tous.

Au-delà du blog : Littérature suggérée pour un apprentissage complémentaire

  1. Barrett, L. F. (2017). Comment les émotions sont faites : La vie secrète du cerveau. Houghton Mifflin Harcourt.

  2. Brackett, M. A., Rivers, S. E. et Salovey, P. (2011). Emotional Intelligence : Implications for Personal, Social, Academic, and Workplace Success. Social and Personality Psychology Compass, 5(1), 88-103.

  3. Fredrickson, B. L. (2001). Le rôle des émotions positives dans la psychologie positive : The broaden-and-build theory of positive emotions. American Psychologist, 56(3), 218-226.

  4. Réseau de pratique humanitaire. Le facteur linguistique : leçons pour la communication et l'engagement communautaire tirées de l'expérience de Traducteurs sans frontières. Tiré de Humanitarian Practice Network

  5. Nelson, G. et Zollmann, A. (2017). Le langage de la pauvreté : Academic Narratives and Social Change. Social Policy and Society, 16(2), 289-302.