Briser le moule et redéfinir les frontières : L'émergence d'un nouveau paradigme de pouvoir dans le développement international

Esprit positif | Histoires positives | Edition 044

Image générée par DALL-E, l'IA de génération d'images d'OpenAI. Dans une représentation symbolique de l'autonomisation et du plaidoyer dans un contexte de développement mondial, l'image met en scène trois personnages centraux.

Dans un monde caractérisé par des changements constants et des défis complexes, le secteur du développement international et de l'aide humanitaire se trouve à un moment crucial. Dans cet article, je me penche sur l'évolution vers la décolonisation de l'aide, un processus essentiel pour créer un avenir plus équitable et durable dans le cadre de la solidarité et de la coopération mondiales.

Un monde en mutation

Notre monde est en proie à des changements monumentaux. Des conflits à Gaza et en Ukraine à la conférence historique COP28 signalant le déclin des combustibles fossiles, nous assistons à un remodelage de la dynamique mondiale. Au milieu de ces transformations, la montée du populisme, du sexisme, du nationalisme et la force perturbatrice de l'intelligence artificielle redessinent les lignes du pouvoir et de l'influence.

L'essor des voix du Sud

Au milieu de ces changements mondiaux, la décolonisation du développement international et de l'aide humanitaire prend de l'ampleur. Les voix du Sud, autrefois mises à l'écart, sont aujourd'hui au premier plan et plaident en faveur de partenariats équitables et d'une redéfinition des approches traditionnelles de l'aide, souvent centrées sur l'Occident. Elles appellent à une réévaluation de la dynamique du pouvoir et des relations entre le Nord et le Sud et entre les donateurs et les bénéficiaires de l'aide.

L'évolution des ONG internationales

Comme je l'ai expliqué dans mes articles précédents ("L'avenir des ONGI - Partie 1" et "L'avenir des ONGI - Partie 2"), les ONG internationales ont connu des changements significatifs. Passant d'une phase d'opacité et de contrôle unilatéral à une transparence accrue et à un partage du pouvoir, ces organisations évoluent vers une dynamique de pouvoir plus équilibrée entre le Nord et le Sud. Cette évolution représente un changement fondamental dans la manière dont l'aide est gérée et fournie, soulignant la nécessité d'approches plus réactives et plus équitables dans le secteur.

Décoloniser les paradigmes du développement

Le "Dialogue Afrique" de Nairobi (11 et 12 décembre 2023), une convergence de pensées et d'idées coparrainée par Adeso, le BRAC, l'UNESCO et la Fondation Aga Khan, a marqué un moment important dans ce parcours. Il s'agissait d'un forum où la notion de réforme des modèles coloniaux d'aide existants a été rejetée en faveur de la création de systèmes alternatifs plus équitables. Cet événement a souligné la nécessité d'un changement fondamental dans notre façon d'aborder le développement international et l'aide humanitaire.

Un voyage fictif mais réaliste

Pour illustrer ces thèmes complexes, les histoires d'Adjua, d'Ikeno et de Khady donnent un visage humain aux défis et aux aspirations du secteur :

• L'éveil d'Adjua : L'expérience d'Adjua, une agente de développement  ghanéenne, met en évidence la disparité entre les réalités du terrain et les récits dominants sur le développement international. Son histoire est celle d'une autonomisation et d'une quête pour faire entendre des voix authentiques et sous-représentées.

• Le plaidoyer d'Ikeno : Représentant une organisation de la société civile kenyane, l'histoire d'Ikeno consiste à amplifier les voix du Sud dans les forums internationaux, en soulignant la nécessité d'une équité des ressources et d'une reconnaissance.

• La vision de Khady : Analyste politique sénégalaise, Khady critique le rôle des grandes institutions dans la perpétuation des politiques économiques qui aggravent les inégalités. Elle s'attache à donner aux entités locales les moyens d'influencer les politiques qui ont un impact direct sur leurs communautés.

Réflexions finales : Révolutionner la dynamique du pouvoir dans le développement international

Au cœur de notre voyage vers la décolonisation de l'aide se trouve une question essentielle : Comment nous emparer du pouvoir en tant qu'agents du changement ? La voie historique de l'évolution, qui consiste à attendre passivement le transfert de pouvoir, revient à appliquer une nouvelle couche de peinture sur une structure en ruine. C'est une réponse insuffisante aux exigences du changement.

À l'inverse, la voie de la révolution est transformatrice, cherchant à construire un mouvement puissant qui établit une dynamique de pouvoir alternative. Cette approche vise à créer un nouveau système autonome dans les pays du Sud qui rende obsolètes les anciennes structures coloniales.

Notre position collective à l'issue de notre dialogue est claire : révolution. Elle nous oblige à réimaginer le concept de "transfert de pouvoir". Il ne s'agit plus d'attendre que le pouvoir passe du Nord au Sud. Au contraire, nous assistons à la montée d'un pouvoir dynamique et autonome dans le Sud, profondément enraciné dans ses réalités et ses aspirations.

Les organisations internationales de développement et d'aide humanitaire se trouvent donc à un point de décision critique. Nous pouvons soit nous aligner sur cette puissance émergente, en embrassant et en soutenant son esprit révolutionnaire, soit rester ancrés dans des systèmes dépassés. Plus qu'un choix, c'est un appel à l'action. Nous devons décider de rejoindre ce mouvement révolutionnaire qui redéfinit la dynamique du pouvoir dans le développement international ou risquer de devenir obsolète.

Ce dialogue n'était pas seulement une réflexion, mais un cri de guerre pour un changement radical. La question pour nous n'est plus de savoir comment s'adapter à l'évolution du pouvoir. Il s'agit de savoir si nous avons le courage et la conviction de participer à la révolution.