Jour 10 : La Tique Parasite contre le Piquebœuf Stratégique
Certaines personnes restent proches parce qu’elles valorisent la relation.
D’autres restent proches parce qu’elles ont besoin de quelque chose — encore, encore… et encore.
Hier, nous avons rencontré le Scarabée Inlassable et le Cygne Serein — une leçon sur la visibilité, le travail, et le déséquilibre entre ce qui est fait… et ce qui est vu.
Aujourd’hui, on reste dans le registre des présences discrètes. Mais cette fois, le contraste s’aiguise.
Ce n’est plus entre le silence et l’éclat — mais entre le prélèvement et l’échange.
Car la proximité n’est pas toujours synonyme de collaboration.
Parfois, c’est une extraction.
Et parfois, c’est un gain mutuel discret.
🪳 La tique parasite
On ne la voit pas venir. Mais une fois installée, on ne peut plus l’ignorer.
La Tique ne réclame pas votre temps. Elle le siphonne doucement, par petites touches.
Un petit service ici. Une demande anodine là. Un “échange rapide” qui termine en nouvelle tâche dans votre boîte de réception.
Elle n’est pas bruyante.
Elle n’est pas impolie.
Elle est juste… toujours là — surtout quand elle a besoin de quelque chose.
Ce qui la rend difficile à cerner, c’est justement sa discrétion. Aucune requête ne semble excessive.
Mais le schéma est clair : elle apparaît quand elle a faim. Et une fois servie, elle disparaît sans bruit.
Pas de retour. Pas de remerciement.
Pas même un geste en retour.
Les mois passent. Parfois les années.
Puis, tout à coup :
“Coucou ! Ça fait longtemps ! J’espère que tu vas bien ! Dis, petite chose : tu pourrais me mettre en lien avec quelqu’un dans ta nouvelle boîte ?”
Elle ne détruit pas les ponts. Elle arrête juste de les entretenir.
Et quand elle réapparaît, elle attend le même accueil qu’avant —
même si elle n’a laissé derrière elle qu’un sentiment d’avoir été utilisé.
La tique n’a pas besoin de beaucoup pour survivre.
Mais elle prend toujours un peu plus qu’elle ne donne.
🐦 Le Piquebœuf Stratégique
Et puis il y a le Piquebœuf. Lui aussi reste proche.
Mais la dynamique est toute autre.
Oui, il en profite. Oui, il sait utiliser ses relations.
Mais il apporte quelque chose de précieux en retour — et fait vivre l’échange dans la durée.
Le Piquebœuf n’attend pas qu’on ait besoin de lui pour être utile.
Il trouve des manières de contribuer : il propose son aide, partage des outils, vous présente quelqu’un d’utile, vous envoie un message même quand il n’a rien à demander.
Il ne disparaît pas après avoir obtenu ce qu’il voulait.
Il reste dans le paysage — non pour s’accrocher, mais pour cultiver le lien.
On se souvient de lui — pas comme d’un fardeau, mais comme d’une présence.
Quelqu’un qui a allégé la charge.
Qui a donné en grandissant.
Le Piquebœuf joue sur le long terme.
Il ne voit pas les gens comme des tremplins, mais comme faisant partie du même territoire.
Et il le sait : les relations durables ne se construisent pas sur de grandes faveurs,
mais sur de petits gestes réguliers et sincères.
🔍 La Réflexion
Chaque réseau — chaque organisation — a ses Tiques et ses Piquebœufs.
Tous deux sont discrets. Tous deux restent proches.
Mais l’un draine, quand l’autre nourrit.
La Tique voit les relations comme des points d’accès — utiles quand on en a besoin, dispensables le reste du temps.
Le Piquebœuf les voit comme un terrain partagé — un espace où chacun peut grandir avec l’autre.
La différence n’est pas dans le charisme.
Elle est dans l’intention.
Alors posez-vous la question :
Quand vous tendez la main, êtes-vous en train de puiser dans un puits, ou de l’arroser ?
Et quand quelqu’un reçoit un message de vous…
se braque-t-il ? Ou se sent-il simplement… reconnu ?
📌 Le Saviez-Vous ?
Les tiques sont des arachnides parasites qui se nourrissent exclusivement du sang de leurs hôtes.
Elles s’accrochent discrètement, parfois pendant plusieurs jours, transmettant au passage des agents pathogènes.
Elles ne tuent pas d’un coup.
Elles affaiblissent doucement, souvent sans être détectées… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Les piquebœufs, quant à eux, forment une relation symbiotique avec des mammifères comme les buffles ou les girafes.
Ils se nourrissent des tiques, peaux mortes et parasites présents sur leurs hôtes — tout en les soulageant.
Ce n’est pas une relation parfaite (ils peuvent aussi picorer des plaies), mais dans l’ensemble, les deux y gagnent — et restent liés dans le temps.
Dans nos environnements de travail aussi,
nous nous nourrissons tous du temps, de l’énergie et de l’accès des autres
Mais… drainer ou soutenir: ça, c’est un choix
📚 Références
Sonenshine, D.E. (1991). Biologie des tiques
Weeks, P. (2000). "Oxpeckers à bec rouge : Mutualistes, parasites, ou les deux ?" Écologie comportementale
Grant, A. (2021). Réfléchissez encore : Le pouvoir de savoir ce que vous ne savez pas
Harvard Business Review (2022). "Comment établir des relations au travail sans épuiser les gens"