Jour 8 : Le Saumon Résistant contre Les Sardines Suiveuses
Certain·es tracent leur propre voie.
D’autres avancent avec le banc.
Entre les deux ? Une tension discrète mais bien réelle : faut-il questionner… ou se conformer ?
Hier, nous étions dans le registre des émotions — entre les slogans brillants du Perroquet Exubérant et le scepticisme pesant du Vautour Cynique.
Aujourd’hui, nous plongeons plus profondément.
Sous la surface.
Là où les courants nous emportent dans des directions que nous ne choisissons pas toujours.
Car parfois, le vrai défi au travail n’est pas ce que nous ressentons.
C’est ce que nous osons remettre en question.
C’est une histoire de mouvement, de courage et de conformité —
de celles et ceux qui nagent à contre-courant…
et de ceux qui suivent le flux.
🐟 Le Saumon Résistant
Il n’est pas opposant par principe.
Mais il questionne par instinct.
Il prend la parole quand se taire serait plus facile.
Il signale les risques que d’autres préfèrent ignorer.
Il refuse l’enthousiasme de façade — non pour bloquer le progrès, mais pour qu’il reste honnête.
Quand une direction semble bancale, il ose le dire.
Quand un processus est défaillant, il pousse contre.
Et même dans une salle pleine de têtes qui acquiescent, il lève la main et dit :
« Je ne suis pas sûr que ça fonctionne. »
Il fatigue les autres — et se fatigue lui-même.
Mais il laisse derrière lui des avancées que beaucoup considèrent acquises.
Le Saumon ne cherche pas à compliquer.
Il cherche à rester aligné — non pas avec le groupe, mais avec ses valeurs.
Et dans ce cheminement, il porte souvent le fardeau de la friction :
mal compris, mal étiqueté, parfois discrètement mal aimé.
Mais aussi — une fois la poussière retombée — respecté.
Il ne gagne pas toutes les batailles.
Mais il ne se perd pas non plus.
Et même quand il nage seul, c’est par choix.
🐠 Les Sardines Suiveuses
Elles ne réfléchissent pas longtemps.
Elles bougent.
Les Sardines sont rapides, synchronisées, hyper-réactives.
Elles savent lire la pièce, sentir les signaux faibles, ajuster leur cap sans attendre.
En contexte tendu, cette capacité d’alignement est précieuse.
Elles exécutent. Elles s’adaptent.
Elles avancent vite — très vite
Mais cette vitesse, c’est aussi leur faiblesse.
Elles se conforment avant même de se poser la question.
Elles répètent les idées populaires avant de les examiner.
Elles enterrent leur inconfort au nom de l’harmonie.
Et souvent, elles choisissent l’unité… au détriment de la clarté.
Elles n’apportent pas de conflit.
Mais elles ne le remettent pas en question non plus.
Leur loyauté au groupe devient une forme de disparition —
non pas parce qu’elles n’ont rien à dire,
mais parce qu’elles ont arrêté d’essayer.
Quand l’équipe réussit, elles sont là.
Quand elle s’égare, elles sont encore là — juste plus discrètes.
Leur force est leur capacité d'appartenance.Leur force ? Leur capacité à appartenir.
Leur faiblesse ? Ce qu’elles abandonnent pour y parvenir.
🔍 La Réflexion
Dans chaque environnement de travail, il y a des Saumons — ceux qui remettent en question, qui résistent, qui tiennent la tension.
Et il y a des Sardines — ceux qui s’alignent, qui protègent le mouvement, qui font avancer le tout.
On a besoin des deux.
Mais les deux ont un prix.
Le Saumon peut s’épuiser.
Devenir agressif.
Se couper des autres dans une quête que lui seul comprend.
Les Sardines, elles, peuvent se diluer.
Tellement accordées au collectif qu’elles en oublient ce qu’elles pensent vraiment.
Alors, posez-vous la question :
Nagez-vous à contre-courant parce que le cap est mauvais…
ou parce que vous avez besoin d’avoir raison ?
Et suivez-vous le groupe parce que c’est sage…
ou simplement parce que c’est plus facile ?
Et quand la marée changera…
Serez-vous capable de faire la différence ?
📌 Le Saviez-Vous ?
Les saumons sont célèbres pour leurs migrations épiques à contre-courant —
parcourant des centaines de kilomètres pour rejoindre leur lieu de reproduction.
Leur détermination est impressionnante,
mais elle a un prix : épuisement, blessures, parfois même la mort.
Et pourtant, leur retour façonne des écosystèmes entiers… et laisse la vie derrière eux.
Les sardines, elles, survivent par coordination pure.
Elles nagent en bancs de millions, réagissant en quelques millisecondes aux moindres variations de lumière ou de pression.
Cette synchronisation les protège des prédateurs,
mais elle fait aussi que l’erreur d’une seule peut entraîner toutes les autres.
Dans les équipes aussi, direction et unité ne sont jamais neutres.
Ce qui nous protège peut aussi nous effacer.
Et ce qui nous isole… peut parfois nous définir.
📚 Références
Groot, C. et Margolis, L. (1991). Pacific Salmon Life Histories (Histoires de vie du saumon du Pacifique)
Parrish, J.K., et al. (2002). "Self-organized fish schools : An examination of emergent structure in sardine behavior". Écologie comportementale et sociobiologie
Sinek, S. (2014). Leaders Eat Last
Harvard Business Review (2021). "Les risques cachés de la pensée de groupe - et comment les éviter"