L'Afrique doit tirer les leçons de la COVID-19 et être prête lorsque la prochaine pandémie frappera.

Esprits positifs | Histoires positives | Édition 025

Esprits positifs | Histoires positives | Ep. 021

COVID-19 a mis en lumière une triste réalité : lorsqu'il y a une menace mondiale, le nationalisme et le protectionnisme se renforcent. Et ce sont toujours les plus pauvres qui paient le plus lourd tribut.

Dans un article récent(Vaccinating the world : 2bn shots done, 13bn to go), The Economist nous informe que le 2 juin, exactement 176 jours après le début des programmes de vaccination de masse contre la covid-19, la deux milliardième dose a été administrée. Mais sur les 2 milliards de doses administrées, 37 % l'ont été dans des pays d'Amérique du Nord et d'Europe qui ne comptent que 18 % des 7,6 milliards d'habitants de la planète (voir graphique). L'Afrique subsaharienne, qui abrite 13 % de la population mondiale, a administré moins de 1 % du total des vaccins. À ce jour, moins de 2 % de la population africaine est vaccinée. Ainsi, la voie vers la réalisation de la fameuse "immunité collective" —la protection indirecte contre une maladie infectieuse qui s’obtient lorsqu’une population est immunisée soit par la vaccination soit par une infection antérieure— sur le continent est un rêve lointain.

Mais comment en est-on arrivé à une telle inégalité dans le déploiement du vaccin COVID-19 ?

La réponse est simple : le nationalisme vaccinal prend dangereusement le dessus sur la solidarité mondiale. En conséquence, la maxime "aucun d'entre nous n'est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous", tant prêchée par les dirigeants de ce monde, est plus que jamais en péril.

Alors que les pays riches accélèrent leur déconfinement et stimulent leurs économies avec des "plans Marshall" COVID-19, l'Afrique est confrontée à la menace d'une troisième vague. Mais la troisième vague n'est pas la plus grande menace pour notre continent bien-aimé. Le continent a survécu à la première et à la deuxième vague avec beaucoup moins de cas que ce que de nombreux analystes et experts avaient prédit. Ainsi, même si l'Afrique subsaharienne est entrée en récession en 2020 pour la première fois en 25 ans, elle a évité le pire scénario prévu par de nombreux économistes.

La plus grande menace pour le continent est l'isolement forcé le condamnant à fonctionner en autarcie avec des impacts socio-économiques dévastateurs sur les individus et les ménages vulnérables.

Ne nous voilons pas la face : le passeport vaccinal est en marche et prend de l'ampleur. Force est de constater que les pays qui ont vacciné leur population sont réticents à ouvrir leurs frontières à ceux qui sont en retard dans la vaccination. Malheureusement, l'Afrique fait figure de leader à cet égard. À l'avenir, les voyages à destination et en provenance du continent seront extrêmement difficiles jusqu'à ce qu'il atteigne l'immunité collective.

Tous les secteurs de l'économie seront touchés par un tel scénario, du commerce aux voyages et au tourisme, de la santé à l'éducation, etc. La reprise économique sera plus lente. En conséquence, un plus grand nombre de personnes pourraient être poussées dans l'extrême pauvreté, ce qui entraînerait davantage de troubles sociaux et de crises politiques aux conséquences imprévisibles.

Mais les choses ne doivent pas forcément se passer ainsi. Il est encore temps de rectifier le tir et d'éviter que la situation ne se détériore davantage.

Les gouvernements africains doivent se concentrer sur les mesures préventives et promouvoir des gestes barrières pour réduire la transmission du virus. C'est le moyen le plus efficace et le plus efficient de protéger nos populations et nos économies avant le déploiement à grande échelle du vaccin COVID-19.

Les dirigeants mondiaux doivent respecter leurs engagements envers le programme COVAX afin d'accélérer le développement et la fabrication des vaccins COVID-19, et de garantir un accès juste et équitable pour tous les pays du monde. Mais l'objectif du programme COVAX n'est pas de parvenir à une immunité collective. Son objectif premier est de distribuer 2 milliards de doses d'ici à la fin 2021 pour protéger les personnes vulnérables et à haut risque, ainsi que les travailleurs de santé de première ligne. Bien que cet objectif soit important pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, il faudrait plus de vaccins que COVAX ne peut en fournir.

Tout en renforçant et en élargissant le programme COVAX, la solidarité mondiale doit aller bien au-delà pour concrétiser la maxime "aucun d'entre nous n'est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous"

La levée temporaire des protections de la propriété intellectuelle pour les vaccins contre le coronavirus pourrait changer la donne pour les pays africains. Bien que la capacité de production de vaccins soit limitée sur le continent, selon l'OMS Afrique, cinq pays africains peuvent en produire : l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie. Il faut donc mobiliser leur capacité de production, aussi faible soit-elle, pour accélérer le déploiement du vaccin COVID-19 sur le continent. Cela nécessite, bien sûr, la levée temporaire des protections de la propriété intellectuelle.

Mais tout ce qui précède sont des solutions d'urgence et temporaires. L'Afrique a besoin de solutions durables, avec des solutions africaines aux problèmes africains. Sous la houlette de l'Union africaine, les États membres devraient investir collectivement dans le développement de vaccins. Les filles et les fils de l'Afrique ont les compétences et les connaissances requises. Et l'Afrique a la volonté politique. Les Africains doivent maintenant travailler ensemble pour tirer parti de leur génie collectif, de leur potentiel et de leurs ressources pour y parvenir.

Comme l'a dit le directeur général de l'OMS :

« La question n'est pas de savoir si nous aurons une autre pandémie, mais quand ». L'Afrique doit donc être prête lorsqu'elle sera frappée.

Adama Coulibaly | Positive Minds

Expert en développement international et en aide humanitaire, Adama Coulibaly, alias Coul, a trois décennies d'expérience au sein d'ONG internationales et des Nations unies, œuvrant pour la justice sociale et l'égalité entre les femmes et les hommes.

Blogueur prolifique, il partage des pensées positives sur le leadership et la conscience sociale. Dévoué au mentorat de la jeunesse africaine, il cherche à inspirer la résilience et l'engagement, croyant en leur potentiel pour bâtir une Afrique libre, unie et prospère.

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