Pratiques culturelles pour la justice sociale

Esprits positifs | Histoires positives | Edition 016

Esprits positifs | Histoires positives | Ep. 012

L'autonomisation des femmes et la protection des enfants ne sont pas des questions contemporaines. Elles étaient déjà bien ancrées dans l'organisation sociale de nombreuses communautés avant que nous, en tant que praticiens du développement et de l'humanitaire, n'en fassions un agenda global.

Voici mon expérience en juin 2009.

Employé d’une organisation internationale, j’étais chargé, avec mon équipe, de préparer la campagne de parrainage 2010 dans le Nord-Ouest du Bénin. Au nombre des activités qui entrent en compte dans cette préparation, se trouvait la prise de contact avec les autorités locales ainsi qu’avec les autorités morales des communautés ciblées pour enrôler de nouveaux « ambassadeurs » (terme que nous utilisions pour désigner les enfants parrainés). Cette prise de contact permet de leur expliquer le travail que nous allions faire sur leur territoire et solliciter leur soutien afin que ce soit une réussite.

Au détour de ces prises de contacts, mon équipe et moi avions eu droit à un excellent exposé sur un pan de la culture Peule. Notre hôte nous a donné une belle leçon sur le développement et l'autonomisation des femmes :

Chez nous les Foulani, avant qu’une femme ne rentre dans les liens du mariage, son futur époux doit lui offrir une vache et assurer sa future belle-famille d’en prendre grand soin. C’est le gage du bien-être de sa future épouse et de sa progéniture. Laissez-moi vous expliquer.

Avec la vache qui lui a été offerte, la nouvelle épouse va générer des revenus pour elle tandis que le mari pourvoit aux besoins du couple. Elle va traire la vache, vendre le lait cru ou en faire du fromage qu’elle va vendre. Au fil des années, quand la vache mettra bas et que le troupeau grandira, le capital de la femme s’accroitra du même coup. Ainsi, progressivement, elle établira les bases de sa richesse matérielle. Le mari n’a pas le droit de disposer de cette vache ni du troupeau qui en découlera même quand il a du mal à subvenir aux besoins de sa petite famille. Il doit trouver d’autres moyens de régler ses problèmes. Pourquoi est-ce ainsi ?

Eh bien, parce que la vache de la femme constitue son coussin de sécurité, à elle et à ses enfants. Le mari ayant le droit d’épouser d’autres femmes, ce droit ne doit en aucun cas plonger chacune de ses femmes et leurs enfants dans la précarité.

Comme vous pouvez le voir, il s’agit-là d’un mécanisme qui contient en lui-même les germes de l’autonomisation de la femme et de la protection de ses enfants contre la précarité qui peut éventuellement survenir.

Morale : en tant que praticien du développement, engagez toujours les communautés avec un esprit ouvert et sans préjugés. Identifiez et valorisez les bonnes pratiques culturelles et exploitez-les. C'est l'une des meilleures stratégies pour avoir un impact à l'échelle, et pour assurer l'appropriation et donc la viabilité des projets.

Et vous, quelles sont les pratiques culturelles dont vous avez connaissance et sur lesquelles les travailleurs dans le secteur du développement peuvent s’appuyer pour porter plus haut l’autonomisation de la femme et la protection des enfants? Veuillez utiliser la section "Commentaires" pour les partager.

Roméo ESSOU

Professionnel passionné et cadre de haut niveau, Roméo a d'excellents antécédents en matière de promotion d'impacts sociaux et économiques positifs dans de nombreux pays africains au cours des dernières décennies. Il est un gestionnaire expérimenté des opérations des organisations internationales, un excellent leader de grandes équipes multiculturelles, un communicateur influent et quelqu'un qui aime le défi du changement et de l'innovation.

Il dispose d'un vaste réseau mondial couvrant de nombreux secteurs, notamment les entreprises, les universités, les dirigeants politiques et les ONG internationales.

Romeo est titulaire d'un Master of Science en développement communautaire de l'Université d'Abomey-Calavi, au Bénin, d'un Executive Master of Business Administration (MBA) de la Faculté de gestion McGill Desautels et de HEC Montréal, au Canada, ainsi que d'un certificat de gestion publique de l'Université de Virginie Commonwealth, à Richmond, aux États-Unis.

https://www.linkedin.com/in/romeo-essou-0b4836b7/
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