Jour 27 : Les Lionnes Inlassables contre Le Lion Majestueux

Certaines bâtissent en silence. D’autres arrivent à temps pour la photo.
Dans trop d’organisations, l’une porte la couronne… pendant que l’autre porte toute la meute.

Hier, nous avons exploré le contraste entre complicité silencieuse et solidarité courageuse — entre les Témoins Silencieux et les Défenseur·e·s Solidaires.
Aujourd’hui, nous abordons un autre déséquilibre : non pas celui du courage moral, mais celui de la visibilité.
Plus précisément : la manière dont le pouvoir et la reconnaissance circulent (ou non) dans les organisations.

Car dans chaque équipe, il y a celles et ceux qui font avancer… et celles et ceux à qui on attribue les applaudissements.

🦁 Les Lionnes Inlassables

Vous ne les verrez pas dans les projecteurs.
Vous les verrez dans le flux du travail.

Ce sont elles qui restent tard pour finaliser le budget.
Celles qui interviennent quand personne ne répond.
Celles qui remarquent la virgule manquante dans le rapport… et le·la collègue au bord du burn-out.
Elles font tourner la machine.

Leur journée ne commence pas par une annonce. Elle commence par une checklist.
Et elle se termine non pas par des éloges, mais par quelque chose de concrètement accompli.

Elles résolvent les problèmes dans le silence.
Stabilisent les crises sans bruit.
Et sont là — sans qu’on ait eu besoin de les appeler.

Mais quand la newsletter sort ou que l’événement commence, ce ne sont pas leurs noms que l’on cite.
Les remerciements vont à quelqu’un qui a envoyé un mail stratégique… ou qui s’est présenté pour la photo de fin.

Elles n’en veulent pas.
Elles s’interrogent simplement : Pourquoi la reconnaissance n’atterrit-elle jamais là où l’effort s’est réellement posé ?

Avec le temps, ce fardeau invisible devient lourd.
Pas seulement à cause du travail.
Mais à cause de ce qu’il dit :
Que le système voit la présence, pas le travail.

🦁 Le Lion Majestueux

Lui, on le remarque dès qu’il entre dans la pièce.

Sa voix résonne. Sa posture impose.
Son nom apparaît en premier sur les diapos — même s’il a découvert la présentation ce matin.
Il est invité aux panels, cité dans les rapports, remercié dans les discours — quelle que soit sa réelle contribution.

Il n’est pas forcément arrogant.
Beaucoup sont éloquents, charismatiques, capables.
Mais leur pouvoir est amplifié par un système qui valorise spontanément certaines figures — souvent en fonction de la hiérarchie, de l’ancienneté ou simplement… de l’habitude.

Quand tout va bien, il incarne la réussite.
Quand tout va mal, il est protégé par les étages du dessous.
Et la reconnaissance ? Elle vient à lui. Par automatisme.

Il n’a pas besoin de voler le crédit.
On le lui offre.
Parce qu’il « donne l’impression » d’être le leader.
Parce que tout a été construit pour que la couronne lui revienne… même si la chasse appartenait à d’autres.

🎭  La Couche Systémique

Ce n’est pas un défaut individuel.
C’est un schéma systémique — profondément ancré dans la façon dont fonctionnent de nombreuses organisations.

C’est dans la manière dont on interprète la « posture de leadership ».
Dans la manière dont certaines voix portent davantage selon le rôle, le ton ou le genre.
Dans la manière dont les efforts sont horizontaux… mais où la reconnaissance monte toujours vers le haut.

Ces dynamiques prospèrent dans des systèmes où l’apparence pèse plus que l’impact, et où la hiérarchie sert de raccourci pour estimer la valeur. Remettre cela en question ?

Ce n’est pas enlever la lumière à qui que ce soit.
C’est l’élargir, pour qu’elle éclaire aussi celles et ceux qui ont construit la scène.

🔍 La Réflexion

La Lionne et le Lion incarnent un écart réel :
Celui entre faire… et être reconnu·e pour ce que l’on fait.

L’une se lève tôt, répare ce qui est cassé, finalise ce que les autres n’ont qu’entamé.
L’autre arrive à la fin — et récolte les lauriers.
L’une agit.
L’autre raconte.

Mais les équipes s’épanouissent non quand les titres dirigent…
Mais quand la reconnaissance suit l’effort.
Quand la visibilité se mérite — et ne se suppose pas.
Quand la présence s’accompagne de participation.

Alors posez-vous la question :
À qui appartiennent vraiment les empreintes de cette réussite ?
Et combien de fois applaudissons-nous la voix… plutôt que les mains ?

📌 Le Saviez-Vous ?

Dans la nature, ce sont les lionnes qui chassent, nourrissent et défendent la troupe.
Elles fonctionnent en coordination, s’occupent des lionceaux, assurent la survie du groupe.
Le lion mâle, lui, malgré sa stature imposante, contribue peu aux efforts quotidiens. Il défend le territoire, mais le travail de fond revient aux lionnes.

Et pourtant, les récits populaires — et les métaphores de leadership — glorifient le lion mâle :
Transformant la présence en symbole de leadership, et rendant invisible le labeur de celles qui font tenir tout cela.

Dans nos organisations aussi, ce schéma se répète :
L’autorité est confondue avec la visibilité.
Et la visibilité, avec la valeur.

Le résultat ?
Un écosystème où les bâtisseurs sont relégués à l’arrière-plan,
et les figures de proue célébrées — qu’elles aient contribué ou non.

📚 Références

Cette réflexion s'appuie sur un ensemble de recherches et d'expériences vécues.

  • Bell Hooks nous rappelle dans Feminist Theory : From Margin to Center, comment les structures systémiques répartissent la visibilité en fonction du sexe et du pouvoir.

  • L'article de la Harvard Business Review intitulé "Who Gets Credit at Work-and Why It Matters" met en lumière les facteurs psychologiques et sociaux qui influencent l'attribution au sein des équipes.

  • Le livre Lean In de Sheryl Sandberg et les recherches d'Ibarra et Obodaru sur les femmes et le leadership évoquent directement l'écart entre la contribution et la reconnaissance.

  • Les travaux de Marc Bekoff sur le comportement animal nous rappellent que nos histoires de leadership ne sont pas seulement humaines - elles sont tirées de la nature, mais trop souvent à travers une lentille déformée.

Adama Coulibaly : Répandre la positivité avec PositiveMinds

Adama Coulibaly, connu sous le nom de Coul, est un leader transformateur, un défenseur de la justice sociale et un champion passionné de la décolonisation. Auteur, blogueur et coach certifié, il se consacre à la promotion de l'équité et à l'inspiration du changement à travers ses écrits et son leadership.

Pour en savoir plus sur moi, cliquez ici.

https://adamacoulibaly.com
Précédent
Précédent

Jour 26 : Les Témoins Silencieux contre Les Défenseur·e·s Solidaires

Suivant
Suivant

Jour 28 : L’Ours Protecteur contre La Tortue Détachée