Jour 28 : L’Ours Protecteur contre La Tortue Détachée

Certain·es dirigeant·es protègent ceux et celles qu’ils aiment. D’autres les laissent partir, au nom de l’autonomie.
Entre les deux, il y a un équilibre fragile : entre prendre soin… et lâcher prise.

Hier, nous avons parlé de reconnaissance avec les Lionnes Inlassables et le Lion Majestueux.
Aujourd’hui, nous parlons de style de leadership — non pas en théorie, mais dans le quotidien.
Car dans chaque équipe, il y a celles et ceux qui couvrent… et d’autres qui laissent faire.

Et dans les deux cas, à leur meilleur, cela part d’un lieu d’amour.
Mais à leur pire, cela peut devenir une source de blocage ou de perte.

🐻 L’Ours Protecteur

Vous reconnaissez l’Ours à sa tendance à intervenir avant même que ça dérape.

Présent dans chaque réunion.
Mis en copie sur chaque e-mail.
Prompt à relire tout ce qui comporte un risque.
Quelqu’un bafouille ? Il reformule.
Un·e junior présente ? Il n’est jamais loin.
Une échéance glisse ? Il resserre la vis.

Cela vient d’une bonne intention : il tient à son équipe.
Il a connu l’échec. Il sait ce que c’est.
Et il ne veut pas que les autres — ou lui-même — revivent ça.

Mais à la longue, cette protection devient un mur.

L’équipe n’ose plus sans validation.
L’initiative s’érode.
La confiance se tasse.
L’Ours devient le filtre par lequel tout doit passer.

L’équipe n’ose plus sans validation.
L’initiative s’érode.
La confiance se tasse.
L’Ours devient le filtre par lequel tout doit passer.

🐢 La Tortue Détachée

La Tortue, elle, avance autrement : calme, posée, distante avec méthode.

Elle croit en l’apprentissage par l’expérience.
Elle délègue tôt. Elle fait confiance vite. Elle supervise de loin.
On la trouve en train d’encourager un saut dans l’inconnu,
de pousser doucement hors de la zone de confort,
de regarder sans intervenir, depuis la rive.

Quand quelqu’un rame ?
Elle reste sereine. Ça fait partie du chemin.

Mais parfois, cette distance devient un vide.

Un·e collègue s’enlise… et personne ne tend la main.
Une crise couve… et la Tortue « laisse l’équipe apprendre par elle-même ».
La mer ouverte devient angoissante.

Son intention est noble : donner de l’autonomie.
Mais le résultat peut être du silence, de l’épuisement, ou un décrochage discret.

Le défi de la Tortue ? Ce n’est pas le désintérêt.
C’est une foi sincère… qui oublie que certain·es ont encore besoin de repères.

🔍 La Réflexion

L’Ours et la Tortue ne se trompent pas.
Elles incarnent simplement deux risques différents.

L’un protège — parfois jusqu’à étouffer.
L’autre libère — parfois jusqu’à délaisser.

Un bon leadership ne consiste pas à choisir un camp pour toujours,
mais à savoir alterner avec justesse, selon le moment, selon la personne.

Alors, posez-vous la question :
Êtes-vous en train de surprotéger quelqu’un qui est prêt·e à grandir ?
Ou de laisser à la dérive quelqu’un qui n’a pas encore appris à nager ?

Et en ce moment précis…
Votre équipe a-t-elle besoin de plus d’abri ? Ou de plus de courant ?

📌 Le Saviez-Vous ?

Dans la nature, les mères ourses sont d’une extrême protection :
Elles enseignent, défendent, et veillent farouchement sur leurs petits.
Mais cette force crée parfois une dépendance prolongée : Les oursons mettent du temps à développer une vraie autonomie.

À l’inverse, les tortues marines pondent, puis repartent.
Les nouveau-nés doivent rejoindre l’océan seuls — sans aucune guidance.
Seul un infime pourcentage survit.
Le pari ? La résilience par l’indépendance.
Mais sans accompagnement, beaucoup sont perdus — non par manque de potentiel, mais par absence de soutien.

Dans les équipes aussi, ces deux instincts existent.
Mais les leaders les plus sages savent alterner : protéger… puis laisser partir.

📚 Références

• Kegan, R. et Lahey, L. (2009). Immunité au changement

• Edmondson, A. (2019). L'organisation sans peur

• Goleman, D. (2000). Leadership That Gets Results

• Grant, A. (2021). Réfléchir encore

• Harvard Business Review (2020). "Comment donner à votre équipe la bonne dose d'autonomie"