Jour 26 : Les Témoins Silencieux contre Les Défenseur·e·s Solidaires
Certain·es choisissent la sécurité de la distance.
D’autres choisissent le risque de la proximité.
Et dans ce choix — discret, visible, durable — une culture se façon
Hier, nous étions dans le tempo individuel :
L’Escargot Hésitant qui repousse l’action.
Le Colibri Précis qui frappe vite.
Aujourd’hui, le cadre s’élargit.
On quitte le “je” pour entrer dans le “nous”.
Car dans chaque organisation, viennent ces moments où le silence devient un message…
… et où une simple présence peut devenir une forme de protection.
🦌 Les Témoins Silencieux
Ils sont là. Physiquement.
Ils se présentent. Font leur travail. Parlent du week-end.
Mais quand la tension monte ? Quand quelque chose d’injuste se produit ?
Quand un·e collègue est isolé·e, rabaissé·e ou maltraité·e ?
Ils baissent les yeux. S’effacent. Attendent que ça passe.
Ils ne sont pas malveillants. Juste prudents.
Ils se disent que ce n’est pas leur rôle. Qu’il ne faut pas faire de vagues.
Qu’ils n’ont pas tout vu. Que ce n’était peut-être pas si grave.
Mais un silence répété devient une forme de complicité.
Et à force de fuir les conflits, ils perdent la confiance des autres.
Le sentiment de sécurité se délite.
Et la prochaine fois que ça comptera ? Leur voix ne pèsera plus rien — parce qu’elle n’aura pas été là quand il le fallait.
Ils pensaient rester neutres.
En réalité, ils ont disparu.
🐃 Les Défenseur·e·s Solidaires
Et puis, il y a les Défenseur·e·s.
Ils ne parlent pas forcément beaucoup.
Mais quand l’ambiance change, ce sont les premiers à le remarquer. Et les premiers à intervenir.
Quand quelqu’un se fait coincer en réunion, ils le disent.
Quand une règle injuste émerge, ils la remettent en question.
Quand le silence devient pesant, ils le brisent.
Pas avec fracas. Ni avec des airs de héros.
Juste par leur présence.
Juste en étant là — pour rappeler aux autres : Tu n’es pas seul·e.
Ils ne portent pas de cape.
Ils portent le contexte.
Ils ont lu la pièce.
Ils savent quand lever le ton, et quand préserver la paix.
Et parfois, ils encaissent pour ça.
Leur risque ? L’épuisement.
À force de vouloir tout défendre, tout réparer, tout porter, ils s’usent. Se frustrent. Se retrouvent seuls.
Mais leur force ? Faire de la solidarité un acte, pas une posture.
Mais leur cadeau ? Rendre la solidarité réelle, et non pas performative.
🔍 La Réflexion
Les Témoins et les Défenseur·e·s comprennent tous deux le risque.
Les un·es l’évitent.
Les autres l’absorbent.
Les Témoins baissent la tête — et perdent la confiance des autres.
Les Défenseur·e·s soutiennent les autres — mais parfois au prix de leur propre énergie.
La solution ?
Ce n’est pas de mener tous les combats.
Mais ce n’est pas non plus de passer à côté de chacun.
C’est de se demander, à chaque fois :
À quoi ressemble le courage aujourd’hui — ici, maintenant, pour cette personne ?
Et quand ce moment arrive…
Serez-vous derrière la vitre ? Ou sous la pluie ?
📌 Le Saviez-Vous ?
Dans la nature, certaines espèces comme les cerfs ou les suricates utilisent des signaux discrets pour avertir d’un danger : un frémissement de queue, un regard partagé, une immobilité qui dit tout sans un mot.
D’autres, comme les buffles, forment un cercle protecteur autour des plus vulnérables lorsque surgit une menace.
La solidarité, dans toutes les espèces, n’est pas bruyante.
Elle est stratégique.
Elle envoie un signal de sécurité — pas seulement pour soi, mais pour les autres.
Et dans nos équipes, la confiance ne se construit pas avec ceux qui parlent le plus…
Mais avec ceux qui sont là quand il le faut.
📚 Références
Milgram, S. (1974). Obéissance à l'autorité
Staub, E. (2003). The Psychology of Good and Evil : Why Children, Adults, and Groups Help and Harm Others (La psychologie du bien et du mal : pourquoi les enfants, les adultes et les groupes aident et nuisent aux autres)
Arendt, H. (1963). Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal
Harvard Business Review (2022). "Lorsque vous constatez une injustice au travail, devez-vous vous exprimer ou rester silencieux ?
Brown, B. (2012). Oser en grand