Quand le pouvoir chute : leçons du baobab sur la force, la vulnérabilité et le vrai leadership
PositiveMinds | Histoires positives | Edition 066
« Quand le baobab tombe, les chèvres se régalent de ses feuilles »
Illustration par A. Coulibaly avec canva.com
Le pouvoir protège. La chute expose.
Quand nous sommes forts, debout, solides, notre présence impose. Les gens gardent leurs distances. Nos paroles pèsent lourd. Nos décisions ont de l’écho. Nous projetons de l’ombre. La puissance attire l’admiration — et la prudence. Le respect ne vient pas toujours de ce que nous sommes, mais de la hauteur à laquelle nous nous tenons.
Mais quand cette stature s’effondre — par épuisement, par erreur ou par coup du sort — l’atmosphère change. Soudain, des mains autrefois retenues s’approchent. Pas toujours pour aider. Parfois pour prendre. Pour profiter des feuilles tombées. Pour cueillir ce qui leur était jusque-là inaccessible.
Ce schéma, nous l’avons vu mille fois. Des leaders jadis admirés devenus marginalisés. Des institutions autrefois vénérées traînées dans la boue. Des figures emblématiques balayées par un seul événement. Et pourtant, ce qui étonne, ce n’est pas que ces chutes surviennent. C’est que tant de personnes au pouvoir vivent comme si elles ne surviendraient jamais.
Malgré les exemples flagrants de chutes retentissantes, beaucoup continuent de se comporter comme si le pouvoir était un rempart permanent. Ils s’entourent de silences complaisants, creusent la distance avec les autres, et montent si haut qu’ils oublient qu’il y a un sol en dessous. Ils vivent comme si les lois de la gravité ne s’appliquaient pas à eux — comme s’ils étaient intouchables, invincibles.
Mais le pouvoir n’est jamais éternel. C’est un prêt temporaire. Un projecteur en rotation. Et plus on grimpe sans humilité, plus la chute résonne fort. Ce qui nous protège dans nos moments de puissance, ce n’est pas seulement notre force — c’est notre posture. Les racines que nous avons su ancrer. La confiance que nous avons su tisser. Le respect que nous avons su mériter, et non imposer.
C’est ce que nous enseigne le proverbe bambara. Le baobab ne tombe pas tous les jours. Il tient debout pendant des années — parfois des siècles. Mais quand il tombe, il révèle tout un écosystème : ceux qui dépendaient de lui, ceux qui l’attendaient, et ceux qui ne s’approchent que quand il est à terre.
Ce n’est donc pas un appel à la peur. Ce n’est pas un plaidoyer pour se méfier. C’est une invitation à vivre avec sagesse. À utiliser nos saisons de force non pour dominer ou isoler, mais pour nous enraciner en profondeur. Pour nourrir autour de nous. Pour semer la confiance, même quand tout semble acquis. Car tôt ou tard, cela fera la différence.
Et lorsque viendra le temps de la vulnérabilité — car il viendra — ce que nous aurons semé dans la force pourrait être notre bouclier dans la faiblesse. Non pas nos anciens titres, mais la mémoire de notre façon d’avoir dirigé. Non pas notre nom sur une porte, mais la manière dont nous l’avons ouverte aux autres.
Ne confondons jamais la hauteur avec la sécurité. Même l’arbre le plus majestueux a besoin de profondes racines. Et même le baobab le plus solide finit par s’incliner devant le temps.
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