Jour 30 : Le Loup Prédateur contre Le Chien Protecteur
Certain·es dirigent par l’obéissance. D’autres par la confiance.
Et entre les deux se joue une forme de pouvoir qui façonne bien plus que la performance : elle façonne le sentiment d’appartenance.
Ce dernier épisode s’inspire d’un témoignage puissant, partagé lors d’une séance de mentorat.
Ma mentorée — sage, expérimentée, discrètement courageuse — ne décrivait pas son lieu de travail comme un champ de bataille…
Mais plutôt comme un champ ouvert, où rôdent les loups.
Un espace où la vulnérabilité fait de vous une proie facile. Où survivre exige soit des crocs, soit des alliés.
Mais elle ne se voyait pas comme une proie.
Elle se voyait comme un chien de berger — alerte, protectrice, veillant sur le groupe.
Pas pour dominer. Pour défendre.
Infatigable. Vigilante. Épuisée parfois.
Et souvent… seule.
Ce récit est un hommage à elle — et à toutes celles et ceux qui choisissent de protéger plutôt que de prédater.
Un hommage à celles et ceux qui dirigent non pas pour le pouvoir, mais pour les personnes.
Qui créent de la sécurité — non pas parce que c’est facile, mais parce que quelqu’un doit le faire.
🐺 Le Loup Prédateur
Le Loup surgit là où la peur est déjà présente.
Il prospère dans les moments de tension, d’urgence, de crise.
Son autorité ne repose pas sur le respect, mais sur le contrôle.
Il aboie des ordres. Il fige les désaccords. Il s’impose très vite comme celui ou celle qui commande.
Les gens obéissent. Les gens avancent.
Mais rares sont ceux qui parlent librement.
Et plus rares encore ceux qui se sentent en sécurité.
Son espace devient un lieu de survie, pas de contribution.
La performance est mesurée à l’aune de l’obéissance, pas de la créativité.
Et s’il obtient parfois des résultats à court terme, le prix à long terme est lourd : les talents partent, le moral s’effondre, et la confiance disparaît.
Le Loup ne veut pas toujours faire du mal.
Mais le mal suit, dès lors que la peur devient un outil de leadership.
🐶 Le Chien Protecteur
Le Chien, lui, avance différemment — avec calme, fidélité, et une force enracinée dans la bienveillance.
Il ne fuit pas les difficultés.
Mais il ne les utilise pas comme des armes.
Quand les choses dérapent, il reste.
Quand quelqu’un trébuche, il guide au lieu de blâmer.
Son pouvoir ne crie pas — il écoute.
Il construit la confiance moment après moment, non pas en éliminant chaque obstacle, mais en rappelant aux autres :
“Tu n’es pas seul·e.”
On l’entend poser des questions comme :
« De quoi as-tu besoin ? »
« Comment puis-je t’aider ? »
« Qu’est-ce qu’on apprend de ça ? »
Il ne cherche pas la loyauté. Il l’inspire.
Son leadership ne crée pas des suiveurs. Il crée de la stabilité — celle qui tient, même quand il n’est plus dans la pièce.
🔍 La Réflexion
Le Loup et le Chien détiennent tous deux du pouvoir.
Mais un seul en fait un bouclier plutôt qu’une laisse.
Le Loup impose par la peur… et laisse derrière lui du silence.
Le Chien renforce par la confiance… et laisse derrière lui un espace où l’on ose grandir.
Alors posez-vous la question :
Votre leadership crée-t-il de la conformité… ou du courage ?
Votre présence est-elle ressentie comme une pression… ou comme une protection ?
Et à long terme, quel type de champ souhaitez-vous garder ?
📌 Le Saviez-Vous ?
Les loups sont des prédateurs redoutables, connus pour leur stratégie de chasse et leur hiérarchie rigide au sein de la meute.
Leur autorité repose sur l’intimidation et la domination — une efficacité qui peut vite devenir brutale.
Les chiens, eux, descendent des loups, mais ont évolué par la relation.
Sélectionnés au fil des siècles pour leur capacité à guider, protéger, accompagner, ils tirent leur force non pas de la peur, mais de la connexion.
Dans les organisations aussi, un leadership de type “loup” peut obtenir des résultats rapides.
Mais un leadership de type “chien” crée des lieux où l’on reste, où l’on apprend, où l’on s’épanouit.
📚 Références
Sinek, S. (2014). Leaders Eat Last
Brown, B. (2018). Oser diriger
Laloux, F. (2014). Réinventer les organisations
Goleman, D. (1995). L'intelligence émotionnelle
Harvard Business Review (2020). "Pourquoi la sécurité psychologique est importante - et comment la mettre en place"